ILS
Ils ont saisi à mains pleines les bras d'algues du soleil
Ils ont multiplié sans rire la table des tentacules
Ils ont accouplé les lèvres des astres, les seins de la lune
les protubérances capiteuses des fleuves et de la mer
Ils ont piqué des télescopes longs sur l'orbe de la sphère
pour espionner les testicules du ciel d'orage
quand il distribue ses rations de fessées lumineuses.
Ils ont broyé la mescaline dans des nasses d'étain
pour apprendre la jouissance du rêve inachevé
et la drogue a piégé leurs yeux de maîtres-fous
Ils ont creusé dans l'amour des tranchées sans refuge
pour assouvir des soifs qu'ils n'osaient pas nommer
dans l'herbe filiforme des prairies magnétiques.
Ils ont brandi le rythme dans leurs tripes de vingt ans
pour mieux dissimuler des estomacs sans cris.
Ils ont bu sans vomir le sang encore tiède
dans les rigoles creuses des conférences sans paix.
Ils ont inventé des marchands de sommeil
pour rendre à l'oasis sa crispation de sable.
Ils ont peuplé de monstres la friche claire des champs
où l'attelage ancien tintait ses lents grelots
et ils ont rayé de la messe l'âme des fêtes du grain
où les perles de pluie bousculaient la semence.
Ils ont coupé les bras des amphytrions passés ceux qui savaient les lois d'un âtre hospitalier.
Ils ont légalisé des mariages incestueux
corps et âme, guerre et paix, amour de la haine.
Ils ont tué
un enfant aux yeux bleus
qui jouait du fifre dans la scabieuse de mes veines.