Toujours dans le cadre de la vie du poète en poésie voici de quoi nourrir un peu sa verve.
LA PITANCE DU POÈTE
La pitance du poète tient dans une écuelle où les mots de la terre rejoignent d’autres maux pour le faire déguster
La pitance du poète vit sur une montagne pleine de lavande qui lave en embaumant les rimes de ses vers
La pitance du poète finit de mijoter dans le cratère du monde qui n’en finit jamais de bouillir les crus
La pitance du poète stagne dans une soucoupe où personne ne met plus l’argent du plaisir de lire
La pitance du poète finit de mijoter en attendant le sel qui vient de l’aventure qu’une bonne fée morale a jeté aux orties
La pitance du poète ruisselle de métaphores qu’il voudrait dévorer pour blanchir ses dents de jeune loup en tanière
La pitance du poète s’invite au dessert des mangeurs de lune qui n’ont pas la chance d’être conviés à sa table
La pitance du poète mitonne dans la sauce qu’un éditeur barbu touille en cadence dans les alexandrins
La pitance du poète a un goût d’avenir quand il la voit de loin avant de la manger sur le moment présent
La pitance du poète réside en reliefs bien avant qu’elle parvienne dans sa tasse trop petite que caresse les trolls
La pitance du poète patauge dans la frugalité qui ne détruira pas son estomac fragile de piéton de la ville
La pitance du poète se partage en riant quand les amis du soir arrivent improviste dans la salle à manger de la saison des rêves
La pitance du poète se compose de mets plus étranges que les vôtres parce qu’il n’a jamais su tripoter la poule au pot d’Henri
La pitance du poète se tambouille entre amis un soir de java quand les loups du faubourg gravitent en hurlant
La pitance du poète fleure bon la noisette qu’on pique sur le veau sans lui demander son autorisation
La pitance du poète dégénère en pique nique quand il va au parloir des condamnés d’avance à la soupe capitale
La pitance du poète se parfume de thym de myrtes et de lauriers que personne n’a jamais sur tresser
La pitance du poète répand les senteurs de mer qui montent en effluves de la marmite du pêcheur son copain de dérive
La pitance du poète grince dans ses rouages en passant bien trop vite de ses intestins grêles à son intestin gros
La pitance du poète brouette un brouet de topinambours mâles qui ont fait la guerre des anciens et des modernes
La pitance du poète se prend aussi dans les restaus du cœur avec le pote Coluche qui en avait un gros comme ça
La pitance du poète galvanise des foules qui n’on rien à se mettre et multiplient en douce les pains au chocolat
La pitance du poète honore la sainte fringale quand les enfants du tiers monde ont encore plus faim que l’ogre de la fable
La pitance du poète se partage sans hâte sous un pont de la Seine qui enjambe la misère des sans domiciles fixes
La pitance du poète décline en plusieurs langues la soif de l’amitié qui se mange en entrée au gueuloir de la vie
La pitance du poète perfore les tripes incluses dans le sens de sa vie qui n’est pas interdit à tous les bons délires.